Maison culturelle du népal

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Arts, Archéologie et Littérature

Table des matières

Art et archéologie

Image : carte de la vallée de Kathmandu
La vallée de Kathmandu

L’étude des arts du Népal est une discipline neuve qui a fait ces dernières décennies d’immenses progrès. Si l’art des Newar de la vallée de Katmandou est aujourd’hui suffisamment connu pour qu’on tente d’en esquisser l’évolution, il n’en est pas de même de la production artistique des autres ethnies, aux cultures variées, qui peuplent le Népal moderne. La quasi-absence de fouilles stratigraphiques rend aléatoire tout exposé archéologique.

Préhistoire

Les recherches concernant la préhistoire népalaise ne font que commencer. Leurs résultats sont insuffisants pour permettre une histoire du peuplement. Leur chronologie est fluctuante. Au nord de la vallée de Katmandou, près de Budhānīlkantha, un matériel en pierre taillée (30 000 av. J.-C. ?) évoque des vestiges paléolithiques semblables découverts en Mongolie, en Chine et même dans le sud de l’ex-U.R.S.S. Dans les Siwalik, à Kot-tandi (district de Nawalpur), sur la rivière Danda, des outils en pierre polie rappellent ceux qui ont été découverts dans la plaine indo-gangétique (IIIe-IIe millénaire av. J.-C.). D’autres témoignages, mis au jour dans la vallée de la Dang, peuvent être comparés aux rares vestiges néolithiques du Sikkim. Un matériel lithique a été également trouvé à Trivenighat (district de Nawalparasi), au confluent de la Narayanī et de la Panchanadī.

L'art newar

Les témoignages artistiques les plus nombreux, concentrés dans la vallée de Katmandou et ses abords immédiats, sont le fait de ses habitants, les Newar. Dans les premiers siècles de notre ère, cette région connut, peut-être parallèlement à certains pays d’Asie du Sud-Est, un lent phénomène de colonisation pacifique venu de l’Inde. Cette vallée, placée sur l’une des principales routes commerciales reliant la plaine du Gange au Tibet méridional, constitua durant des siècles une étape privilégiée pour les marchands. Cet essor commercial, amplifié par la présence d’artisans locaux industrieux, aboutit très tôt à la formation d’importantes agglomérations. La prospérité économique, un mécénat royal de tout temps actif, la protection des notables (pradhāna) aux revenus liés au grand commerce, l’attrait des lieux de pèlerinage et les liens internationaux longtemps entretenus par les communautés bouddhiques expliquent l’abondance des fondations religieuses et des donations pieuses.

Si la vie artistique, les techniques et l’iconographie religieuse dérivent d’antécédents indiens, leur lente assimilation, la permanence d’un substrat local encore mal étudié et une tendance au syncrétisme religieux donnent à l’art newar une réelle originalité. De nombreuses inscriptions, datées dans le calendrier de l’ère népalaise qui débute en 879, permettent des précisions chronologiques rares dans l’art du monde indien.

Sculpture

Les plus anciennes sculptures sur pierre que l’on ait retrouvées sont influencées par l’art de Mathurā, en Inde du Nord, de l’époque Kuṣāṇa (Ier-IIIe s.). Un bodhisattva en ronde bosse, trouvé à Harigaon (IIe-IIIe s. ? ; National Museum, Katmandou), quoique de facture provinciale, présente de nombreuses caractéristiques du style de Mathurā : torse massif aux pectoraux développés, bourrelets au-dessous du nombril, sexe visible à travers le vêtement.

Les premières statues datées remontent à l’époque des Licchavi (env. 350-env. 750). Deux stèles, trouvées à Tilganga et à Lajimpat, représentant Viṣṇu Vikranta, à la composition dynamique, sont dédicacées par le roi Mānadeva en 467. L’influence de l’art indien des Gupta (IVe-VIe s.) et des Cāḷukya occidentaux (VIe-VIIIe s.) se fait sentir, parfois avec retard, sur la plupart des œuvres hindoues des VIe et VIIe siècles (Umā- maheśvara de Sikubahi, National Museum, Katmandou, 573 ; Viṣṇu Varāha de Dhumvarahi, début VIIe s.). Deux sculptures du VIIe siècle, de tradition visnouite, retiennent l’attention par leur taille colossale et par la perfection de leur modelé : le Jalaśayana de Budhānīlkantha (642), de plus de six mètres de long, repose au centre d’un bassin ; puissance et mouvement caractérisent le Kṛṣṇa Kālīyadamana, transporté au XVIIe siècle dans l’une des cours du palais de Katmandou. Six reliefs sivaïtes (fin VIIe- début VIIIe s.) ont été retrouvés dans la partie occidentale de Katmandou, certains à Kathesimbhu (National Museum, Katmandou). L’aisance de leur composition et la place accordée aux éléments de paysage permettent d’évoquer les peintures murales de l’époque, toutes disparues.

La sculpture bouddhique restera longtemps fidèle aux canons gupta (Avalokiteśvara de Gana bahāl, env. 550 ; Buddha de Bangemura, Katmandou, VIe s.). Puis les proportions des personnages deviendront plus élégantes (Buddha de Chabahil, VIe-VIIe s. ; Caitya de Dhvakā bahāl, Katmandou, VIIe s.).

À l’époque des Ṭhākurī (env. 750-env. 1200), la sculpture pāla du Bengale et du Bihar influence le style des stèles bouddhiques et de la plupart des statuettes métalliques. Les reliefs hindous prolongent les canons particuliers d’une esthétique nationale. Le thème d’Umā-maheśvara sera particulièrement recherché. Un ensemble de stèles visnouites de grande qualité, remontant à cette période, est conservé à Chạ̄ ngu Nārāyaṇa.

À partir du XIIIe siècle, la sculpture sur pierre offre moins d’intérêt. Un sūrya (1349), à Banepa, est caractéristique des tendances esthétiques de cette période : complication de la composition, mouvement, personnages stéréotypés de petite taille, au visage juvénile et aux traits mongoloïdes. Ces particularités s’exprimeront en revanche avec bonheur dans la statuaire métallique.

Les plus anciennes sculptures de métal connues, de grande qualité, remontent au VIIIe siècle. En cuivre et plus rarement en laiton, exécutées à la cire perdue, elles s’inspirent à la fois des statues de pierre locales et des bronzes pāla. Elles possèdent cependant plus d’élégance que leurs homologues indiens. Leurs poses sont plus alanguies ; leur visage plus juvénile. Un grand soin est apporté aux finitions gravées, à la dorure exécutée à l’amalgame (Vajrapāṇi, Stanford University Museum, Xe s. ; Devī, British Museum, XIe s.). On conserve des œuvres exécutées au repoussé qui remontent au XIe siècle. Un Viṣṇu Garudāsana, daté de 1004 (coll. part., États-Unis), recouvrait peut-être une stèle de pierre plus ancienne.

Ces techniques de la cire perdue et du repoussé évolueront parallèlement. Les statuettes à la cire perdue possèdent souvent un style plus conservateur, parfois archaïsant, reproduisant durant des siècles certains modèles des Xe et XIe siècles. Les œuvres exécutées au repoussé, souvent liées à des décors architecturaux, présentent, tout en suivant scrupuleusement les canons iconographiques et iconométriques, une esthétique plus novatrice, à tendance décorative. Le travail particulier des plaques de laiton, à forte teneur en étain pour assurer une meilleure malléabilité, incitera les artisans à traiter les formes par grandes masses géométriques, les traces d’assemblage des plaques étant cachées par des bandeaux décoratifs parfois incrustés.

Les XIVe et XVe siècles voient l’apogée de la sculpture métallique : virtuosité technique, goût des larges fonds de stèle ornés de rinceaux tantôt traités en grandes crosses, tantôt déchiquetés, mouvement, élégance extrême des personnages aux attitudes déliées (Umā- maheśvara, XIVe s., Museum of Fine Arts, Boston).

Du Malla récent (1482-1768) datent la plupart des sculptures conservées, caractérisées par la multiplication des parures, la sécheresse du modelé, le type ethnique prononcé des visages. Le manque de renouvellement des sources d’inspiration et les règles contraignantes d’une iconographie de plus en plus complexe leur donnent un aspect conventionnel et stéréotypé. Certaines œuvres en pierre sont de taille colossale (Grand Buddha de Swayambhūnāth, XVIIe s.). Beaucoup sont liées à des ensembles monumentaux (frises du Kṛṣṇa et Rādhā mandir, Patan, 1637, inspirées des rouleaux peints narratifs contemporains ; bains sacrés [Tulasī, hiṭī], cour de Sundarī du palais de Patan, 1670). À Katmandou et à Bhadgaon, on remarque des rondes-bosses d’une esthétique plus robuste, inspirées des formes pleines et géométriques des statues métalliques au repoussé (Viṣṇu Narasiṃha, 1673, à l’entrée du palais de Katmandou ; Garuḍa, 1690, devant le temple de Nārāyan, Maru-tol, Katmandou ; sculptures sur les gradins du Nyātapola, 1702, Bhadgaon).

Cette période voit en effet l’apogée de la technique du repoussé. Des plaques ouvragées couvrent les toitures, les murs et même les accès de nombreux sanctuaires. Citons, entre autres, Kvā bahāl à Patan, Vakupati Nārāyan (1740) à Bhadgaon, la porte Sundhokā (1753) donnant accès aux sanctuaires inclus dans l’enceinte du palais de cette même ville. Les statues des souverains, agenouillés en donateurs, aux traits individualisés, sont juchées sur des piliers de pierre, dressés sur les places principales des trois capitales, Patan, Katmandou et Bhadgaon. Leurs visages sont tournés en direction des temples de Degutale, déesse protectrice des Malla.

Le bois (Michaelia excelsia, Michaelia champaca), abondamment utilisé en architecture, sera un matériau de prédilection pour les sculpteurs newar. Les plus anciens exemples connus, les corbeaux (tuṇāl ; en anglais : strut) de la façade arrière d’Uku bahāl à Patan, représentent des driades protectrices (yakṣiṇī). Leur date est controversée (XIIIe s. ?). La plupart des œuvres conservées ne semblent pas antérieures au XVe siècle. Les réparations continuelles des bâtiments et le remploi éventuel d’une partie de leur décor sculpté rendent toute datation hypothétique. Les corbeaux entourant les toitures des temples hindous ou les cours des monastères bouddhiques forment des ensembles iconographiques cohérents. Leur composition reste inchangée : un personnage de grande taille, surmonté de feuillages, domine un démon écrasé ou bien une scène narrative, prophylactique ou édifiante. Cette répartition tripartite se retrouve sur les corbeaux des arcatures (toraṇa) et sur les balustrades bouddhiques de l’Inde de l’époque Kuṣāṇa. Les portes de la façade principale des sanctuaires hindous seront, dans un premier temps, seules décorées (Indreśvar mahādev de Panauti, XVe s. ?). On étendra ensuite le décor sculpté à l’ensemble des parties en bois du bâtiment : piliers et colonnettes, tympans, entourages de fenêtres. Le vocabulaire thématique, à peine modifié, est emprunté à l’art indien. Parallèlement se développe une sculpture sur bois en ronde bosse, polychrome, détachée de tout contexte architectural, parfois garnie de plaques de métal au repoussé.

Il convient de noter la présence de sculptures en terre cuite, parfois vernissées. Des plaques estampées couvrent ainsi entièrement le Mahābauddha (1601) de Patan. Une frise narrative, à couverte de couleur verte, tourne autour de la cour de la résidence de la petite déesse Kumarī (Kumarī Dyoché, 1760 ?) à Katmandou. Il convient de noter qu’une poterie grossière est encore de nos jours fabriquée à Thimi.

Sous les Gurkha (après 1769), les artisans reproduisent les modèles antérieurs. Des pièces surchargées, d’une grande virtuosité technique, sont fabriquées en série durant la première moitié du XIXe siècle. Les contacts avec l’Inde britannique introduisent des motifs occidentaux. Des ateliers de bronziers, souvent en liaison avec des monastères bouddhiques, subsistent jusqu’au XXe siècle.

Peinture

Les plus anciennes peintures conservées – enluminures de manuscrits bouddhiques sur palmes séchées et décor des plats intérieurs de leurs couvertures – remontent au
XIe siècle. Aux deux textes bouddhiques illustrés en Inde, Aṣṭasāhsrikā Prajñāpāramitā et Pañcarakṣa, les Newar ajouteront le Gaṇḍavyūha et le Kāraṇḍavyu̱ ha. Ces manuscrits sont plus richement enluminés que les œuvres pāla qui leur sont contemporaines. Les peintres newar utilisent des tons raffinés – rouge sombre, rose, mauve, pourpre, jaune pâle – qui les aident à modeler les formes, alors que les moines bengali appliquent des couleurs vives par aplats. Ces œuvres renvoient aux créations picturales d’époque Gupta (Ajaṇṭā, Ve-VIe s.). Ce grand style classique, disparu en Inde même, semble avoir été assimilé si totalement au Népal qu’il fera figure d’art national, s’opposant aux modes nouvelles apparues au cours de l’époque médiévale qui privilégient l’acuité du dessin, la stylisation des traits et la violence des couleurs. Au Népal, on peut répartir les peintures de manuscrits bouddhiques en trois périodes qui correspondent aux XIe, XIIe et XIIIe siècles. Les miniatures du XIe siècle présentent parfois, par rapport aux œuvres indiennes, une certaine maladresse dans le dessin, des compositions touffues aux nombreux éléments de paysage, une certaine liberté iconographique (Add. 1643, daté 1015, Cambridge University Library). Au XIIe siècle, les compositions des plats de couvertures tendent à former des scènes continues, panoramiques (Vessāntara jātaka, National Museum, New Delhi). Les personnages, aux proportions élancées et à l’aspect aimable, ont des attitudes un peu maniérées. Leurs bijoux et les motifs de leurs vêtements, traités avec soin, se fondent dans l’ensemble de la composition. Au XIIIe siècle, la grande quantité d’ouvrages apportés par des moines réfugiés, fuyant les invasions islamiques, entraîna peut-être une raréfaction des commandes. Les quelques manuscrits bouddhiques de cette période trahissent une forte influence de l’Inde médiévale, ou prolongent, dans un style conventionnel, les modèles antérieurs.

Alors qu’aucun manuscrit enluminé hindou antérieur au XVe siècle ne nous est parvenu, on suit au Népal l’évolution de ce genre depuis le XIe siècle. On y retrouve les principales caractéristiques stylistiques des enluminures bouddhiques. Les plus belles œuvres remontent au XIIIe siècle. Elles accordent une place importante aux motifs décoratifs : colonnes, toraṇa, bijoux rehaussés d’or. Dès 1220, des manuscrits sont exécutés en lettres d’or sur papier bleu.

On conserve des rouleaux verticaux (sanskrit : paṭa ; newarī : paubhā) remontant au XIIIe siècle, exécutés à la gouache sur coton, aux harmonies rouges et bleues caractéristiques, qui représentent les principales divinités du bouddhisme tantrique et, plus rarement, de l’hindouisme. Ce genre nous apparaît tout constitué. Les œuvres les plus abouties s’étagent du XIIIe au XVe siècle et laissent pressentir des exemples plus anciens, aujourd’hui disparus. Ces images, dont le moindre détail iconographique était fixé par la tradition, étaient consacrées lors de rituels conjuratoires ou propitiatoires (vrata) : rite d’Upoṣadha (Aṣṭamivrata) en l’honneur d’Amoghapāśa, aspect du bodhisattva Avalokiteśvara ; rite de Bhīmaratha au cours duquel on offre dix mille caitya (lakṣacaitya) ; culte rendu à Vasudhārā afin d’obtenir des biens matériels. Le registre inférieur de la peinture représente une scène d’oblation par le feu (homa) en présence des donateurs ; des scènes de chants et de danses accompagnent la cérémonie. Les collections du Los Angeles County Museum of Art permettent de suivre l’évolution stylistique des paubhā. Aux XIVe et XVe siècles, les peintres utilisent des motifs décoratifs particuliers : colonnes végétales à chapiteau floral, issues d’un vase d’abondance, flammes déchiquetées. Les fonds sont animés de crosses de lotus peintes en camaïeu. Monumentalité et mouvement caractérisent les divinités tutélaires, en particulier Saṃvara et Vajravārāhī. Ce style se prolonge après 1482. Au XVIe siècle émerge peu à peu une esthétique nouvelle : dessin nerveux cernant d’un trait déchiqueté des figures dansantes aux gestes expressifs et aux visages presque caricaturaux ; composition dense, apparemment désordonnée mais organisée selon de subtiles diagonales (Assaut de Mārā, 1561, Boston Museum of Fine Arts).

À la fin du siècle, des genres nouveaux portent à leur paroxysme ces tendances stylistiques : longs rouleaux narratifs (vilampo) suspendus lors de fêtes religieuses, à sujets légendaires ou apologétiques ; « Livres illustrés » (kalāpustaka), en papier, se dépliant en accordéon, et dont les sujets sont éventuellement profanes.

Vers 1650, les écoles moghole et rajpute (Mewar) influencent fortement tous les genres de la peinture newar (Buddha prêchant, 1649, Cleveland Museum of Art). À la fin du XVIIe siècle on fabrique de nombreux vilampo dans ce style rajput, totalement réinterprété (Kṛṣṇalīlā, 1692, Bharat Khala Bhavan, Varanasi). Au XVIIIe siècle, sous l’influence des thang-ka tibétains, les paubhā abandonnent leur composition en registres. L’importante production du XIXe siècle prolonge ces deux tendances.

Architecture

Les stūpa les plus vénérés de la vallée reprennent la forme de leurs homologues de l’Inde ancienne. La tradition fait même remonter les stūpa situés aux quatre points cardinaux de la ville de Patan, ainsi que celui de Chābahil, à un voyage hypothétique de l’empereur Aśoka des Maurya (IIIe s. av. J.-C.). Ces structures seront modifiées plus tard afin de répondre à des partis iconographiques plus complexes. Ainsi le stūpa de Swayambhūnāth recevra neuf niches consacrées aux Jina des orients et à leurs parèdres. Les yeux du Buddha suprême, « né de lui-même » (ādibuddha) du système Kālacakra (Aiśvarika) seront peints sur la masse cubique de maçonnerie (harmikā, chūḍāmani) qui couronne l’édifice. Trois terrasses carrées, redentées à la manière des enceintes d’un maṇḍala, entourent le stūpa de Baudhanāth. Des statues de divinités, au nombre sacré de cent huit, seront abritées dans des niches.

Les Newar développeront une architecture originale à charpentes de bois et à murs de briques cuites, montés sans mortier. Les bâtiments sont très divers : petits portiques (pāṭi) à colonnes de bois, pouvant servir de halte aux pèlerins, portiques pourvus d’un étage (sattal), portiques sur deux niveaux, bordés de salles (chapat), salles à piliers (maṇḍapa), habitations, monastères bouddhiques, etc.

Les monastères bouddhiques s’organisent, sur le modèle indien, autour d’une cour carrée. Le sanctuaire, situé dans l’axe de l’entrée, est surmonté d’une chapelle (āgama-chē) qui abrite les livres et les instruments liturgiques et qui est dédiée à une déesse, contrepartie féminine du dieu. Les monastères se répartissent en deux types : bāhī et bāhā. Le sanctuaire des bāhī est entouré d’un couloir de circumambulation. Le premier étage des ailes latérales est dépourvu de cloisons intérieures. Les bāhā ne se rencontrent que dans l’enceinte des villes. Leur sanctuaire ne possède pas de couloir périphérique. Leurs ailes sont partagées par des cloisons. Il existe quelques bâtiments de type mixte. Bāhī et bāhā abritent des communautés différentes. À la suite des profondes modifications qui affecteront les communautés bouddhiques à partir du XIIIe siècle, les habitations des familles de moines s’aligneront autour de larges cours, les nani, près de certains bāhā.

Le temple hindou à toitures étagées (dega), le plus souvent de plan carré, constitue le type le plus accompli de l’architecture newar. Chaque étage prend appui sur le sol par un jeu de tours emboîtées. L’origine de cette forme d’architecture est controversée.
H. Wiesner la rattache aux constructions de bois de l’Inde du Nord des époques Kuṣāṇa et Gupta. Des traditions semblables se retrouveraient en plusieurs régions périphériques de l’empire (Karṇaṭāka, Bengale) et jusqu’en Inde du Sud (Kerala). Le vocabulaire décoratif des parties sculptées renvoie effectivement aux arts kuṣāṇa, gupta et pāla. Il convient cependant de noter la présence d’architectures originales en bois dans d’autres basses vallées du complexe himalayen (Kaśmīr, Himāchal Pradesh).

Quelle qu’en soit la provenance, l’emploi du terme « pagode », pour définir les temples newar de type « dega », doit être résolument écarté. Il sous-entend en effet une origine extrême-orientale, des techniques de construction différentes et une affectation exclusivement bouddhique. Ce triple corollaire est contraire à tout ce que l’on sait des dega.

La fragilité des matériaux, les dégâts causés par les moussons, l’insuffisance des fondations dans un pays sujet à de fréquents séismes, parfois très dévastateurs comme en 1934, nécessitent des travaux d’entretien constants, supportés le plus souvent par des associations religieuses (guṭhi), ainsi que des reconstructions périodiques. Des inscriptions commémorent les réfections les plus importantes. Ces réfections, plus ou moins conformes au modèle antérieur, posent de délicats problèmes de chronologie. La relation de l’expédition chinoise de 648 du général Wang Xuance, reprise dans La Nouvelle Histoire des Tang, signale l’existence à l’intérieur du palais du roi du Népal d’une tour de sept étages. Aucune architecture ne semble antérieure à l’invasion du sultān Shams un-dīn Ilyās du Bengale (1342-1357), vers 1349. Les temples supposés reproduire les modèles les plus archaïques, quoique de nombreuses fois reconstruits, ne possèdent que deux étages (Paśupatināth à Deopatan, vers 1360 ; Paśupatināth à Bhadgaon et Chạ̄ ngu Nārāyaṇa à Changu, tous deux de la fin du XIVe s.). L’étage le plus élevé correspond à la cella. La toiture inférieure repose sur les murs extérieurs qui délimitent un couloir de circumambulation. Si le plan carré semble de règle, il existe quelques structures de type dega de plan barlong. Ces sanctuaires sont consacrés à Bhaïrava, aspect farouche de Śiva (Bagh Bhaïrava à Kirtipur, 1513 ? ; Kāsi Viśvanāth à Bhadgaon, fin XVIIe s.). Certains temples dédiés à Kṛṣṇa sont de plan octogonal (Casī dega à Kāthmāndu, 1649).

Quelques sanctuaires, n’appartenant pas au type dega, montrent la variété des partis utilisés au milieu du XVe siècle et l’ingéniosité de leurs constructeurs : le Dattātraya (Bhadgaon) dans sa forme primitive était un abri à trois étages pour les pèlerins (maṭh). Le Kāṣṭha maṇḍapa (Kāthmāndu), maṇḍapa de très grande taille, n’a aucun mur porteur. Ses toitures ne reposent que sur des piliers de bois.

D’autres édifices, appelés pīṭh, de plan barlong, ne possèdent qu’un mur porteur, celui du fond. Des piliers supportent la toiture sur les autres côtés. Dédiés à des déesses sivaïtes, ils sont élevés dans des sites agrestes (Bāla kumārī près de Patan, 1622 ; Vajravārāhī près de Chapagaon, 1665).

S’il est actuellement hasardeux de tenter de tracer l’évolution de l’architecture newar, deux tendances semblent cependant s’accuser avec le temps : la multiplication du nombre des toitures et l’introduction de plus en plus fréquente de soubassements à gradins. Le Taleju Bhavāni, attenant au palais de Kāthmāndu, présente, dès 1576, une structure à trois étages de toitures, juchée sur une pyramide à sept gradins et dominant la cité. Pour certains bâtiments relativement documentés, on remarque que des étages supplémentaires étaient ajoutés lors d’une réfection (Kumbeśvara à Patan, vers 1700 ; Kāsi Viśvanāth à Bhadgaon, 1718). À partir du XVIIe siècle, on rencontre des temples à deux ou trois étages dont la toiture inférieure repose sur des piliers et abrite ainsi une galerie périphérique (Viśvanāth à Patan, 1626).

Les gradins de pierre multipliés supportent la plupart du temps des sanctuaires sivaïtes. Ils représentent alors le mont Kaïlaśa, demeure de Śiva dans l’Himālaya (Maju dega à Kāthmāndu, 1692). Le Nyātapola de Bhadgaon (1702), dega à cinq toitures dressé sur une pyramide à cinq degrés, est l’aboutissement de cette double évolution. Lorsqu’un temple possède des toitures aussi complexes, les derniers étages sont fictifs et prennent appui par un jeu de poutres sur l’étage inférieur.

Au XVIIe siècle, des types architecturaux nouveaux, adaptés de modèles indiens, font leur apparition. Le Mahābauddha (1601), à Patan, s’inspire du sanctuaire de Bodhgayā. Des temples hindous, souvent d’obédience visnouite, construits en pierres, possèdent de hautes toitures curvilignes (śikhara). Ils peuvent être garnis de légers pavillons à colonnes, comme au Rajasthan et dans l’Inde moghole. Ainsi, le Kṛṣṇa et Rādhā mandir (1637), à Patan, est ceint d’une galerie périphérique. Son aspect aérien peut le rapprocher de deux monuments moghols : le Panch mahal de Fatehpur Sikri (avant 1574) et le tombeau d’Akbar à Sikandra (1613). Certains temples à śikhara possèdent des soubassements à gradins multipliés (Vatasalā devī, à Bhadgaon, fin XVIIe s.), d’autres sont de plan octogonal (tombeau de Kṛṣṇa, place du palais de Patan, 1723).

Des sanctuaires hindous, consacrés à un même dieu ou à un groupe de divinités, sont répartis dans la vallée à la manière d’un maṇḍala. Les ensembles les plus connus sont dédiés à Viṣṇu, à Gaṇeśa, et dans la ville de Bhadgaon et ses environs aux mātṛkā.

Dans les agglomérations, plus d’une trentaine de maṭh, aux façades richement décorées, servent de demeure à certains desservants hindous (mahanta). Leur plan s’apparente aux habitations laïques. Plusieurs, dont le Pujāri maṭh (1763), se dressent autour de Tachapal Tol (Bhadgaon).

Les capitales des rois Malla (Kāthmāndu, Patan, Bhadgaon), autrefois fortifiées, partagées en îlots (tol) et en quartiers possédant chacun leurs temples pourvus de nombreux bassins (praṇālī) et fontaines (hiṭi), ont pour centre politique et administratif la demeure du souverain (layku, darbār). Ces palais comprenaient originellement trois cours, dont une pour les bains rituels du souverain, des temples, dont celui de la déesse Taleju, et des appartements. Un jardin occupait l’arrière de l’enclos. À Bhadgaon, le « Palais aux cinquante-cinq fenêtres » (1697) possède à l’étage une galerie peinte conduisant à la chambre du roi. Sur la place qui s’étend devant le palais sont élevés les plus beaux temples de la cité.

Cette architecture newar se prolonge après 1768, sous la dynastie Gurkha, en particulier à Kāthmāndu : nouveaux aménagements au palais dès 1769 – Nava yoginī à Maru Tol –Sundhārā de Bhimsen Thapa. Quelques palais de styles occidentaux sont construits durant la première moitié du XIXe siècle (Hari-bhavan, 1805, Sil-khāna, aujourd’hui National Museum, 1819 ; Nārāyaṇ hiṭī darbār, longtemps résidence royale, 1847). Ils se multiplient à la fin du siècle (Sinha darbār, 1903) et présentent, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, un panorama assez complet des divers courants de l’architecture anglo- indienne.

Influence de l'art newar

La réputation des artisans newar gagnera le Tibet et même la Chine. Le bronzier Anige (1243-1306), mandé par Kubilaï (1216-1294) à Beijing, dressa, entre autres, les plans du « stūpa blanc » (baida) du Miaoying si (1271 ?). De nombreuses statuettes de bronze, réalisées en particulier sous les règnes de Yongle (1403-1424) et de Qianlong (1736- 1796), prolongent l’esthétique sino-népalaise de l’époque Yuan (1279-1368).

L’art newar influencera considérablement l’art tibétain du XIVe au XVIe siècle (aménagement du sanctuaire de Ngor, 1429). Les bronziers et orfèvres de la vallée de Kāthmāndu travailleront en grand nombre au Tibet méridional et central jusqu’au XXe siècle. Ils obtiendront même au XVIIe siècle un statut juridique particulier.

Art et archéologie hors de la vallée de Kāthmāndu

L’art des autres régions du Népal est mal connu. Au sud, le Teraï, par son relief et son climat, participa durant des siècles à la culture de l’Inde. À Lumbinī, lieu de naissance du Buddha Śākyamuni, un célèbre pilier élevé par Aśoka des Maurya (IIIe s. av. J.-C.), un temple, un monastère et de nombreux stūpa témoignent de l’activité de ce site du

IIIe siècle avant J.-C. jusqu’à l’époque médiévale. Le site de Tiraulakot, identifié parfois comme l’antique Kapilavastu, a livré des fortifications, des poteries et des figurines de terre cuite des époques Maurya, Śunga et Kuṣāṇa.

À l’ouest du pays, dans la vallée de Karnalī, la dynastie des Malla de l’Ouest éleva de nombreux temples à śikhara (deval), particulièrement dans les districts de Dailekh, Dullu, Accham et Jumla. La plupart ont des dates qui s’échelonnent du XIIe siècle au XIVe siècle. Cette tradition se prolongea jusqu’au XVIe siècle. Les arêtes aiguës des toitures de ces sanctuaires et une partie de leur décor sculpté les apparentent aux fondations des Siwalik indiens (Mandi). Dans le royaume rival de Kumaon, sur l’autre rive de la Mahākālī, des temples de même style remontent à la fin de l’époque Katyūrī (XIe-XIVe s.).

Dans le nord du pays, des communautés tibétaines développent leurs propres traditions, particulièrement dans les districts de Humla, de Dolpo (sculptures de bois), de Sindhu- Palchok et de Solu-Khumbu où les bâtiments couverts de toits à rampants s’apparentent aux architectures bhutanaises.

— Gilles BÉGUIN

Les littératures du Népal

Les littératures de la trentaine d’ethnies qui peuplent le Népal se répartissent en deux groupes : les traditions orales des tribus et les littératures orales et écrites inspirées des modèles indiens et, accessoirement, tibétains.

Les traditions orales des tribus

Les populations autochtones sont divisées en vingt-cinq tribus qui regroupent 20 p. 100 de la population du pays. Leurs littératures, purement orales, sont certainement les plus originales ; elles sont transmises dans leurs chants et surtout dans les textes rituels mémorisés par leurs prêtres et leurs chamans. Elles sont très inégalement connues. Les tribus du Teraï (qui parlent des langues austro-asiatiques ou ont adopté des langues indo- aryennes) restent à étudier. Le répertoire des tribus des montagnes (de langues tibéto- birmanes) a été exploré dans ses grandes lignes, notamment chez les Limbu et les Raï à l’est, les Tamang et Gurung au centre, les Magar à l’ouest. Il comprend d’un côté une cosmogonie, une géographie religieuse ainsi que les légendes des divinités, constituant une véritable mythologie ; de l’autre côté l’histoire de chaque tribu avec les épisodes de ses migrations et de l’implantation de ses clans dans son territoire. Ces littératures n’ont jamais été fixées par écrit, sauf récemment et très partiellement chez les Limbu ; leurs véritables dimensions n’ont été révélées qu’à partir des années 1960 par les ethnologues travaillant sur la possession et le chamanisme.

Littératures d'inspiration indienne

Les gens de caste (79 p. 100 de la population totale) sont répartis en quatre ethnies : Hindous de la Plaine (21 p. 100), Musulmans (4 p. 100), Newar (3 p. 100) et Indo- Népalais ou Gorkhali (51 p. 100). Ils sont d’origine indienne et parlent des langues indo- aryennes à l’exception des Newar, autochtones de la vallée de Katmandou qui ont gardé leur langue tibéto-birmane ; ils suivent tous, Newar compris, les modèles littéraires oraux et écrits de l’Inde classique et moderne.

Sanskrit

Ils ont (Musulmans exceptés) une langue savante commune, le sanskrit. Le Népal est resté une bibliothèque de l’Inde classique hindoue et bouddhiste. Les Népalais y ont ajouté leur propre contribution à la littérature sanskrite : de l’Antiquité et du haut Moyen Âge, seules les inscriptions ont survécu : des livres originaux écrits entre le XIVe et le XXe siècle sont préservés. Ils émanent surtout des Newar, mais aussi des Hindous de la Plaine et, plus tard, des Indo-Népalais. Parmi toutes ces œuvres religieuses, scientifiques et littéraires, on notera l’abondance de la production théâtrale ainsi que deux catégories de textes qui concernent le pays : les māhātmya et purāṇa retraçant sa géographie religieuse et les légendes qui y sont liées ; puis les vaṃsavalī, chroniques dynastiques relativement exactes et périodiquement remises à jour.

Le développement des littératures en langues vernaculaires à partir du XVe siècle va donner naissance en territoire népalais à trois littératures qui s’expriment en des idiomes distincts.

Hindī et urdū

Hindous de la Plaine et Musulmans ont comme langue maternelle trois dialectes du hindī : ce sont d’ouest en est l’awadhī, le bhojpuri et le maithilī ; tous, Musulmans compris, utilisent la riche littérature orale de ces dialectes qui comprend notamment plusieurs épopées. Ils lisent aussi la littérature écrite dans ces dialectes entre le XVe et le XIXe siècle ; la contribution propre des habitants du territoire népalais n’est pas connue, sauf pour le maithilī, qui était utilisé non seulement dans le Teraï mais dans les cours newar de la vallée de Katmandou.

La lingua franca du Teraï est l’hindoustani ; il est appelé urdū par les Musulmans qui l’écrivent en caractères arabo-persans ; et hindī par les Hindous de la Plaine qui utilisent les caractères devanagaris. Les Musulmans utilisent l’urdū pour leurs activités religieuses et littéraires ; les Musulmans du Népal n’ont produit en cette langue que des chants dévotionnels et un récit de voyage au Tibet. Les Hindous de la Plaine écrivent aujourd’hui en hindī standard ; leur contribution propre à la littérature hindī n’est pas connue ; les autorités découragent d’ailleurs l’usage de l’hindī au profit du nepalī.

Newarī

La littérature newarī s’est développée sous la double influence des modèles sanskrits et maithilī. Elle a prospéré dans sa période classique (XVe-XVIIIe s.) grâce au patronage des rois Malla dont plusieurs étaient eux-mêmes littérateurs. À côté des textes religieux (hindous et bouddhistes) et techniques apparaissent des textes littéraires : chants de dévotion et d’amour et, surtout, pièces de théâtre où, sur une trame en maithilī (ou bengalī), sont insérés des dialogues et des chants en newarī. La seconde originalité de la littérature newarī est, après le théâtre, la production historique : chroniques et surtout journaux (thyasapu) où les lettrés notaient au jour le jour des événements marquants. Après la chute des rois newar en 1768-1769, cette littérature perdit ses mécènes et subit une éclipse ; la tradition orale des chants et du théâtre est restée cependant vivace. On assiste depuis 1951 à une renaissance de la littérature écrite, dans le cadre notamment de l’Association newarī (nepāl bhāṣā pariṣad) fondée et animée par le doyen des poètes newar, Chattadhar Hriday.

Nepalī

En unifiant le Népal voici deux siècles, les Indo-Népalais ont imposé leur langue, le nepalī, comme langue officielle permettant l’émergence de la littérature nepalī comme tradition distincte.

La littérature orale, bien conservée dans l’Ouest du pays, comprend, outre les contes et les chants lyriques, des récits chantés épiques et religieux exécutés par des bardes intouchables ; les ancêtres de la dynastie régnante y ont ajouté, au centre du pays, des ménestrels qui chantent leur histoire et leurs hauts faits.

La littérature écrite prend corps à partir de la fin du XVIIIe siècle. Viennent d’abord des textes poétiques et religieux à peine démarqués de leurs modèles sanskrits ou hindī ; plus originaux sont la divya upadesh, autobiographie de Prithvi Narayan, et la gorkhā vaṃsavalī, chronique de la nouvelle dynastie. Le premier grand littérateur est le poète Bhānu Bhakta Ācārya (1814-1866) dont le rāmāyaṇa est encore récité. Le polygraphe Moti Rām Bhaṭṭa (1866-1896) fut le premier à imprimer et à diffuser la littérature nepalī jusqu’alors manuscrite. Cette impulsion fut relayée au début du XXe siècle par l’officiel Comité pour la diffusion du nepalī (créé en 1913) et par des opposants exilés en Inde. Depuis 1957, l’impulsion unique vient de l’Académie royale du Népal. Les genres nobles restent la poésie, le théâtre (d’ailleurs rarement joué) et l’épopée ; s’y sont illustrés Lekhnāth Pauḍyāl (1884-1965), Lakṣmī Prasād Devkoṭā (1909-1959), Bāl Kṛiṣṇa Sama (1902-1981) entre autres. Des genres nouveaux inspirés de l’Occident (romans, nouvelle, essai…) se développent aussi. Plus que dans les genres nobles, l’originalité de la littérature nepalī se manifeste dans les genres mineurs comme le roman fantastique (vīr caritra de Girīś Ballabh Jośī, en 1907), les nouvelles à caractère social (sāmājik kahānī de Bhīm Nidhi Tiwārī), les contes et les écrits d’historiens comme Bābu Rām Ācārya (1888-1971).

Littératures d'inspiration tibétaine

Les Bhote de la frontière nord, venus du Tibet au cours des six derniers siècles, représentent 1 p. 100 de la population du Népal. Ils ont conservé leur culture tibétaine : ils conservent des littératures orales dans leurs divers dialectes, et leurs lettrés, qui sont des lamas, lisent et recopient la littérature tibétaine classique. Ils y ont ajouté quelques contributions originales : guides de pèlerinage, histoires de l’introduction du bouddhisme dans leur territoire, biographies de lamas… Deux tribus des montagnes moyennes, les Gurung et les Tamang, pratiquent aussi le bouddhisme tibétain concurremment avec le chamanisme ; leurs lamas, surtout chez les Tamang, ont écrit quelques textes en tibétain, notamment sur l’implantation des clans et sur la diffusion du bouddhisme.

— Marc GABORIEAU

SOURCES

Gilles BÉGUIN, Benoît CAILMAIL, François DURAND-DASTÈS, Marc GABORIEAU, Luciano PETECH, Philippe RAMIREZ, « NÉPAL », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 21 novembre 2021. URL : https://www. universalis.fr/encyclopedie/nepal/

BIBLIOGRAPHIE

※ Géographie
P. BORDET et al., Recherches géologiques dans l’Himalaya du Népal, région du Nyi-Shang, éd. du C.N.R.S., Paris, 1975

T. HAGEN, Népal, royaume de l’Himalaya, Berne, 1961

P. P. KARAN, Nepal, a Cultural and Physical Geography, Lexington (Ky.), 1960 H. KIHARA, Peoples of Nepal Himalaya, State Mutual Book, New York, 1957.